Une pointure en ville
- GOLDEN ASS #9 (article du LNC)
- 9 janv. 2015
- 3 min de lecture
De passage pour quelques semaines sur le Caillou, Bestia Loca en a profité pour dispenser conseils et leçons aux filles du Roller derby Nouméa, le Death Derby Crew. Présentation de cette joueuse mondialement connue.
Dans la vie de tous les jours, elle répond au nom de Morgane Picaut, une jolie jeune femme à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession. Mais ses équipières et ses fans la connaissent plus en tant que Bestia Loca, une redoutable joueuse française de roller derby*. « Je ne voulais pas d’un nom en anglais !, lance-t-elle. J’ai choisi ce pseudo par rapport à mes origines espagnoles, puis j’aime beaucoup la nourriture mexicaine… Et la culture metal, avec Satan ! » (Rires)
Capitale. A 26 ans, Bestia Loca est déjà une pionnière de la discipline en France, se lançant dans l’aventure derby il y a cinq ans avec la ligue toulousaine, « la deuxième équipe qui s’est montée en Métropole après Bordeaux, et, à ce jour, la meilleure de France ». A l’époque, la jeune femme faisait ses études dans la Ville rose. Le roller derby, originaire des Etats-Unis, tentait de se faire une place dans l’Hexagone. « Nous avons eu exactement le même début que l’équipe de Nouméa : pas de lieu pour s’entraîner, pas de lumière, peu de filles… Toulouse n’a obtenu un terrain que cette année ! Mais nous nous sommes battues et nous nous battons encore, comme les Calédoniennes doivent le faire : en s’investissant deux fois plus. » Deux ans et demi plus tard, Bestia Loca rejoint la capitale et l’une des trois équipes parisiennes : les Lutece destroyeuses. « Ce n’est pas le niveau de Toulouse, mais l’ambiance y est vraiment bonne ! » Car si le roller derby prend de l’ampleur, il se codifie également, délaissant le folklore au profit des règlements, ce qui n’est pas du goût de toutes les joueuses, Bestia Loca compris. « Plus de technique, moins de fun… On enlève pour plaire aux yeux de ceux qui ne connaissent pas, et ça, ça ne me plaît pas ! On est un vrai sport, il est normal qu’avec le temps, les filles progressent et deviennent des athlètes, mais je regrette qu’on en oublie son aspect communautaire, ses concepts qui font la particularité du roller derby. » Tels que les soirées d’après-match (after party) ou ces relations fortes que les joueuses tissent entre elles au point de trouver leur « derby wife ».**
Parrainage. Des relations que la joueuse internationalement reconnue - elle a notamment participé à la première coupe du monde de roller derby, à Toronto, en 2011 - souhaite développer entre son équipe et la ligue calédonienne (en plus de Nouméa, le Death Derby Crew propose des entraînements sur Païta). « Je voudrais créer un parrainage entre nous. » Avant son arrivée en Nouvelle-Calédonie, Bestia Loca avait lancé un appel à la mobilisation de toutes les équipes de France. Lors de son premier jour auprès des Calédoniennes, elle a distribué tee-shirts, autocollants, sacs et autres objets à l’effigie des différentes ligues. « Beaucoup de filles connaissent l’équipe de Nouméa. Toutes ont voulu lui apporter leur soutien. » Bestia Loca repart aujourd’hui en France, de bons souvenirs en tête et beaucoup d’espoir pour les Calédoniennes. « En un mois et demi de présence, j’ai vu tellement de progrès. Bien sûr, elles ont encore beaucoup à apprendre, mais j’y ai rencontré des talents. Avec du travail et de la solidarité, ça va vraiment le faire ! »
* Sport de contact sur patins à roulettes (roller quad) majoritairement féminin. ** Littéralement « épouse derby »
Bestia Loca (casque jaune) et le Death Derby Crew, équipe locale de roller derby, en démonstration, place des Cocotiers, lors du dernier dimanche en mode doux.
Photo Nelly Albérola
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