Girl power ... en roller
- Coralie COCHIN (article du LNC)
- 14 août 2013
- 4 min de lecture
Fatiguées de patiner sur la promenade Vernier ? Mettez le cap sur Ouémo. Trois soirs par semaine, un groupe de filles se frotte au bitume du plateau sportif, avec la ferme intention de créer une équipe de roller derby, un sport de contact plutôt rock and roll.
«Enlève ton diadème et cours ! » Dans le petit monde du roller derby, on parle cash mais on s’amuse beaucoup. Il y a tout juste un an, une bande de copines s’est prise au jeu de ce sport de contact, aux influences pop, rock, punk, voire rockabilly. « On est parti de trois et aujourd’hui, on est une douzaine sur rollers », se réjouit Alice Di Meo, la présidente du Death derby crew, le tout premier club du genre dans le pays. Née à Austin, au Texas, après le krach de 1929, cette discipline fait d’abord office de distraction, mais aussi de revenus pendant la Grande dépression, à l’image des marathons de danse ou « des matches de boxe », précise la présidente du club. Sur le déclin dans les années 1970, ce sport est revenu récemment en force, aidé notamment par le film Bliss, de Drew Barrymore, où l’on suit les pérégrinations d’une adolescente texane qui rêve d’échapper à la monotonie de sa petite bourgade.
Régime. Pour Alice Di Meo, c’est « l’envie de se mettre au régime » qui l’a poussée à chausser les patins. « Tous les autres sports qu’on me proposait, ça me faisait ch…, témoigne la jeune coiffeuse. N’empêche, j’ai perdu dix kilos depuis. » Tout frais, le club s’attelle pour l’heure à « mettre les filles à niveau, en rollers ». Certaines sont déjà très à l’aise, comme Claire, 22 ans, ancienne hockeyeuse du temps où elle vivait en Charante-Maritime. « Comme il n’y avait pas de hockey ici, je me suis tournée par défaut sur le roller derby, confie la jeune vendeuse. Et c’est top. C’est un sport physique, comme j’aime, et il y a une super ambiance. » Aurore, elle, est débutante. « Ici, on se gère. Si j’ai envie d’arrêter, personne ne va me mettre la pression. » Pas de limite d’âge, si ce n’est la peur des chutes… et des hématomes. Manon, 17 ans et ancienne vice-championne de gymnastique, est la plus jeune. Tandis qu’Anne, du haut de ses 39 ans, fait figure d’aînée. « On a tous les profils. Maquilleuse, institutrice, nutritionniste, agent d’approvisionnement à la SLN…, énumère Alice Di Meo. L’idée, c’est plutôt le girl power. Un sport pour les filles qui n’ont pas envie de faire de l’aquagym avec grand-mère. » Si aucun dress code n’est imposé, les casques customisés, les grandes chaussettes à têtes de mort et le maquillage guerrier font leur petit effet sur le terrain.
Pop-corn. Les entraînements ont lieu trois soirs par semaine sur le plateau sportif de Ouémo et se font en musique, aussi bien sur des morceaux de Pink que de David Guetta. « Idéalement, on devrait rouler sur du parquet ou du béton ciré, indique la présidente. Sur le bitume, on abîme nos roues et on se fait mal dès qu’on tombe. » Alors qu’elle vient de souffler sa première bougie, la petite association peut désormais prétendre à des subventions et espère ainsi inscrire la discipline dans le paysage sportif calédonien. « Aux Etats-Unis, c’est vraiment le show. Ils vendent des glaces, du pop-corn pendant les compet’. Il y a des fiches sur chaque joueuse », signale Alice Di Meo. Bien qu’il soit reconnu depuis trois ans par la Fédération internationale de roller sport une filiale du Comité international olympique , le roller derby reste méconnu en France. « Eux aussi ils galèrent pour avoir des terrains, précise la présidente. On va se fédérer avec eux pour faire plus de poids. Plus ils auront de joueuses et plus le roller derby sera pris au sérieux. »
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Chaque équipe est composée de dix joueuses : cinq sur la piste et cinq autres sur le banc de touche pour les relayer lors de la course suivante.
Repères
Les règlesLe roller derby est un sport de contact qui consiste à patiner sur des rollers quads (des patins avec deux roues devant et deux derrière) sur un circuit ovale et dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Les deux équipes sont composées de cinq joueuses, dont quatre bloqueuses qui doivent rouler en pack (ou peloton) et d’une jammeuse qui marque un point chaque fois qu’elle dépasse un adversaire. Les bloqueuses peuvent bloquer l’équipe adverse à l’aide de parties du corps situées au-dessus de la mi-cuisse, à l’exception de la tête, des avant-bras et des mains. Chaque match se compose de deux mi-temps de trente minutes, découpées en jam (période) de deux minutes. L’équipe qui accumule le plus de points remporte la partie.
Où essayer ?Le Death derby crew s’entraîne sur le terrain multisports de Ouémo, à côté de l’école Marie-Havet, le lundi soir à 18 h 30 et le mercredi et vendredi soir à 19 h 30. L’association a aussi créé son compte Facebook : Roller derby Nouméa-Death derby crew.
Si les rollers quads sont l’élément incontournable du roller derby, pour l’instant les rollers en ligne sont tolérés le temps que les filles se familiarisent avec la discipline.
Photo Mathurin Derel
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